Toutes les figures de style en 21 définitions et exemples ! - Archiprof

      Aujourd'hui, on va te blinder sur le plan "méthodologie du commentaire" : ici tu trouveras toutes les informations pour identifier, décrypter et interpréter les figures de style des textes littéraires !

      Ce cours, tu peux en suivre aussi la présentation sur YouTube !

Nos amis, les figures de style...

      Car c'est ça la petite monnaie avec laquelle tu te paies tes bonnes notes aux épreuves ; les petits centimes que tu lâches au prof de français, dans tes copies et tes commentaires, pour avoir le droit de vivre ta vie oklm...

      Malheureusement suffit pas de se pencher sur le texte pour les récolter ; va falloir les travailler, les cultiver et les bichonner au préalable.

Travailler une figure de style, ça veut dire quoi ?

      Le mot technique, et classique, qu'on utilise entre académiciens pour dire « figure de style », c'est « trope ». Ca vient du grec, comme tout ce qui est académicien, et ça signifie littéralement « façon, manière, mode de vie »...

      En gros, tu déroules la langue de Molière, celle du quotidien, celle à laquelle on est habitué -qu'on comprend sans même l'écouter-, et puis au milieu des habitudes tu vois un mot qui se promène oklm ; mais pas du tout à sa place.

      Ce mot-là, il se la joue stylé ; il a ses propres manières, rien qu'à lui, et le reste de la phrase il le regarde de haut.
      Tu l'approches et tu l'interroges ; mais il ne lâche rien, lui ! Quand tous les autres mots gentiment te donnent leur sens et que la phrase entière s'explique sans opposer de résistance, lui il garde le silence : si tu veux savoir ce qu'il fait là, pour quoi il se promène, il va falloir taffer.

      Parce qu'en fait, derrière ce mot, il y a l'auteur tout entier : ses intentions, son tempérament, sa stratégie...
      Quand un mot n'est pas à sa place, c'est louche ; c'est une manoeuvre de l'auteur et c'est ça que tu vas apprendre à présent à expliquer...

      Clique sur Leçon, tu vas voir!"

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Petit rappel...

I. Des figures de style pour associer.

1. La comparaison et la métaphore

Définitions : la comparaison comme la métaphore visent à associer un mot avec un autre sans rapport immédiat avec la situation ou l'action racontées mais en vertu d'un lien au niveau de leurs sens à tous deux.

« Achille, fort comme un lion » : le lion est un animal réputé pour sa force exceptionnelle. On en déduit qu'Achille est un guerrier doté d'une force exceptionnelle.

La comparaison explicite cette association au moyen d'un terme de comparaison (tel que, semblable à, de même que, à l'image de) tandis que la métaphore la maintient implicite.

2. La métaphore filée

Définition : la métaphore filée consiste simplement à développer la métaphore simple en y joignant des associations nouvelles dérivées de la première.

Exemple : 1 vers dans le poème « Zones » d'Apollinaire, tiré du recueil Alcools.

« Bergère Ô tour Eiffel le troupeau des Ponts bêle ce matin »
métaphore de base : tour Eiffel → bergère
métaphore filée : ajout des Ponts de Paris → troupeau de moutons (+ idée de « bêler »)

Interprétation : la métaphore filée tisse ici un lien entre modernité et tradition (poésie bucolique d'origine latine, se déroulant dans un contexte champêtre) : elle montre donc l'ambivalence de la poésie d'Apollinaire qui se tourne à la fois vers ce qu'il y a de plus moderne (description d'un panorama parisien avec un symbole du progrès technique) et ce qu'il y a de plus antique (emprunt à la littérature bucolique latine).

3. L'hypallage

Définition : l'hypallage attribue à un mot une caractéristique sous forme de complément (adjectif ou complément du nom) alors que naturellement elle devrait être attribuée à un autre mot.

Exemple : 1 vers dans le poème « Un parfum exotique » de Baudelaire, dans Les Fleurs du mal.

« Je vois se dérouler des rivages heureux »
→ pour désigner des rivages [où se tiennent des habitants] heureux : l'adjectif devrait se rapporter aux personnes et non au lieu.

Interprétation : ici le déplacement de sens introduit par l'hypallage vient renforcer l'impression de bonheur général de ce lieu paradisiaque dont émane une ambiance bienheureuse et une forme de paix sans nuance.

4. La personnification et l'allégorie

Définitions : la personnification est un certain type de métaphore qui prête des traits caractéristiques d'une personne humaine à une chose. L'allégorie, pour sa part, incarne une idée abstraite sous une forme figurée, que ce soit une personne (la Marianne) ou un animal (le coq français)

Exemple de personnification : 1 vers dans le poème « A une passante » de Baudelaire, dans Les Fleurs du mal.

« la rue assourdissante autour de moi hurlait »
→ le lieu qu'est la rue accomplit une action typique d'un être-humain, à savoir « hurler »

Interprétation : ici la personnification de la rue permet de souligner l'idée d'agression éprouvée par le poète : la rue ne se contente plus d'être bruyante, elle devient comme une ennemie personnelle auquel le poète doit se confronter.

Tout ça, c'est même détaillé dans cette petite vidéo qui explicite le principe du commentaire de texte :

Exemple d'allégorie : 1 vers dans le poème « Zone » d'Apollinaire, dans Alcools.

« L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente »
→ l'espérance, traits psychologique, est désigné avec une majuscule comme s'il s'agissait d'un nom propre.

Interprétation : ce procédé est typique de la poésie médiévale : il permet donc de s'ancrer dans une tradition poétique ancestrale, ce qui intéresse éminemment Apollinaire dans Alcools. Mais cela contribue aussi à dépersonnaliser les sentiments psychologiques à un moment où le poète s'achemine vers une méditation universelle sur l'amour, abandonnant l'évocation personnelle de sa rupture avec Marie Laurencin.

II. Des figures de style qui s'écoutent.

5. L'allitération et l'assonance

Définitions : répétition d'un même son de consonne → allitération
répétition d'un même son de voyelle (a, e, i, o, u, eu, ou, au, etc) → assonance

Exemple d'allitération : 1 vers dans la pièce Andromaque de Racine.

« Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?"
→ allitération en « s » : mimétique du sifflement des serpents

Interprétation : ici l'allitération permet de dramatiser le délire hallucinatoire du personnage qui croit voir des serpents et les fait entendre dans sa réplique même.

Exemple d'assonance : 2 vers dans le poème « Chanson d'automne » de Verlaine, dans Poèmes saturniens.

Ex : « les sanglots longs des violons de l'automne
bercent mon cœur d'une langueur monotone »
→ assonance en « on » et « an » qui allongent le vers

Interprétation : ici l'assonance permet d'allonger les sonorités et le vers pour souligner l'impression de langueur et de mollesse qui caractère l'état affectif du poète.

6. La paronomase

Définition : la paronomase joue sur l'association sonore de 2 mots qui se prononce de manière quasi-identique.
« Qui vivra verra ! », t'as capté ?

Exemple : 1 vers dans le poème « Le bateau ivre » de Rimbaud.

« Et rhythmes lents sous les rutilements du jour, »
→ « rythmes lents » et « rutilements » se retrouvent associés par leur proximité sonore.

Interprétation : ici la paronomase permet de relier une sensation d'ordre auditif (avec l'idée de rythme) à une autre sensation d'ordre visuel (avec l'idée de couleur rouge) : cela participe donc de l'effort poétique pour créer des impressions synesthésiques où les sens se confondent, et donc pour enrichir notre rapport au monde, en nous donnant à percevoir des sensations inédites.

III. Des figures de style pour ne pas tout dire.

7. La périphrase

Définition : la périphrase désigne une chose au moyen d'une expression équivalente plutôt que par le nom qui s'y rapporte directement.
Macron (nom propre) → « le président de la République française »
La télévision (nom commun) → « le petit écran »

Exemple : 1 expression d'un extrait du Supplément au voyage de Bougainville de Diderot, un passage où un vieillard indigène critique les Européens en raison de leur culture violente et égoïste.

« tu nous as prêché je ne sais quelle distinction du tien et du mien »
→ ici l'expression désigne indirectement le principe de propriété privée qui distingue ce qui est à chacun.

Interprétation : ici l'auteur nous fait comprendre à quel point un principe basique de la culture européenne peut paraître étranger à des indigènes du Pacifique : le vieillard est incapable d'employer le terme de propriété privée si bien qu'il la désigne au moyen d'une définition simple consistant à opposer le « tien » et le « mien ». Cela permet de souligner le décalage entre les cultures humaines, et donc d'interroger la notion d'ethnocentrisme.

Et en passant, pour se mettre bien avec les notions qui comptent, je te lâche la petite vidéo où tout te sera expliqué de l'ethnocentrisme!

8. La métonymie

Définition : la métonymie consiste à désigner quelque chose au moyen d'une autre chose qui lui est associée de différentes manières.
Le contenant pour nommer le contenu → « boire un verre »
La marchandise pour nommer le lieu où on l'achète → « aller au café »
La partie pour nommer l'ensemble d'un rituel → « il lui a demandé sa main »

Exemple n°1 : 1 expression dans le roman La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, au tout début quand la jeune héroïne se présente pour la première fois devant la cour du Roi de France.

« Il parut alors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde »
→ « beauté » ne désigne qu'une qualité de l'héroïne, parmi d'autres, mais permet ici de désigner sa personne tout entière

Interprétation : ici la métonymie contribue à souligner l'impression forte que produit son apparence physique et sa beauté exceptionnelle : l'héroïne est si belle qu'on ne voit plus que ça, en quelque sorte.

Exemple n°2 : 1 expression dans la lettre XII du roman de Montesquieu, Les Lettres persanes, où un personnage décrit des hommes vertueux qui s'adonne à leur travail avec soin.

« la terre semblait produire d'elle-même, cultivée par ces vertueuses mains. »
→ derrière les mains, ce sont les hommes tout entier qui se révèlent vertueux.

Interprétation : ici la métonymie permet de souligner l'importance du travail manuel dans la vie de ces hommes, au fondement de leur moralité : ils s'en soucient à ce point qu'ils semblent se réduire à des mains maniant l'outil de travail.

9. L'euphémisme

Définition : l'euphémisme consiste à employer une expression indirecte, et fortement édulcorée, pour désigner une chose taboue ou choquante.

Et pour approfondir... https://archiprof.fr/articles/methodologie/figure-de-style-definition-et-exemple-euphemisme-litote/

Exemple : 1 expression dans le roman L'Éducation sentimentale de Flaubert, au moment où démarre les violentes émeutes de février 1848 ; le héros entend de loin le bruit d'une fusillade et s'exclame...

« Ah ! on casse quelques bourgeois »
→ ici le verbe « casser » et le déterminant « quelques » minimisent la violence meurtrière, comme s'il s'agissait d'une bagatelle.

Interprétation : ici l'euphémisme témoigne de l'égoïsme stupide du héros qui ne se rend pas compte de la gravité de la situation, aux proportions historiques, et s'en amuse en lâchant son petit commentaire moqueur là où d'autres meurent dans le sang et les larmes. Révoltant !

10. La litote

Définition : La litote consiste à dire le moins possible pour suggérer le plus possible. Au quotidien ça donne un tas de phrases au sens vrillé dont on comprend naturellement l'idée inverse : « c'est pas bête, ça ! », « ça reste un peu cher quand même... », « Ce film ne m'a pas tellement passionné. »

Et pour approfondir... https://archiprof.fr/articles/methodologie/figure-de-style-definition-et-exemple-euphemisme-litote/

Exemple : 1 expression dans le roman La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, alors que les 2 futurs amoureux se rencontrent pour la première fois ; la Dauphine leur demande par jeu s'ils ont su deviner qui ils étaient.

« Pour moi, Madame, dit Monsieur de Nemours, je n'ai pas d'incertitude »
→ ici la tournure négative de la litote permet de suggérer la forte certitude de Nemours : il a su reconnaître Mme de Clèves au premier regard grâce son extraordinaire beauté.

Interprétation : ici Monsieur de Nemours agit en pur courtisan : il laisse entendre la vive impression que lui a faite Mme de Clèves sans l'expliciter directement, déguisant habilement ses sentiments naissants, pour se prêter au jeu de la Cour et de sa curiosité déplacée.

IV. Des figures de style pour accentuer.

11. L'énumération/accumulation et la gradation

Définitions : l'énumération, parfois aussi nommée accumulation, consiste juste à enchaîner une liste de mots ou de propositions : cela permet de détailler les différents aspects d'un même sujet et donc de l'accentuer.
On parle de gradation à partir du moment où cet enchaînement suit un ordre lié aux sens des mots qui le composent, renforçant progressivement telle ou telle idée.

Exemple : 1 expression dans la lettre XII du roman de Montesquieu, Les Lettres persanes, où un personnage décrit des hommes à la vertu exemplaire.

« ils avaient de l'humanité ; ils connaissaient la justice ; ils aimaient la vertu »
→ ici 3 propositions s'enchaînent, séparées par des points-virgules ; toutes mettent en avant une qualité morale mais l'on remarque que les verbes décrivent un lien de plus en plus resserré, du simple « avoir » jusqu'au fort « aimer ».

Interprétation : l'énumération permet de renforcer l'impression vertueuse que produisent les personnes décrites ici : elles cumulent vraiment toutes les qualités. Le choix des verbes, ordonnés du plus faible au plus fort, resserre progressivement le lien entre eux et la vertu : plus on les observe et plus ils semblent naturellement portés vers cette dernière !

12. La répétition et l'anaphore

Définition : la répétition, simplissime, ne se contente pas d'employer une fois le mot mais le répète au fil du texte ; l'anaphore en est une sous-catégorie qui consiste à répéter un mot ou groupe de mots spécifiquement au début de plusieurs phrases (pour la prose) ou de plusieurs vers (pour la poésie).

Exemple : 2 vers dans un poème des Contemplations de Victor Hugo, « A quoi songeaient les deux cavalier? » , où 2 personnes dissertent au sujet de la vie après la mort.

« Les morts gisent couchés sous nos pieds dans la terre.
Les morts, ce sont les coeurs qui t'aimaient autrefois »
→ ici le GN « les morts » est successivement répété en tête de vers, constituant une anaphore.

Interprétation : en jouant de l'anaphore, le poète réaffirme l'importance des morts face à son poto matérialiste qui considère qu'il n'y a rien à en dire puisqu'ils ne sont plus : les morts demeurent parmi nous et continuer de peser dans nos vies de même qu'ils pèsent sur le vers.

13. La polyptote.

Définition : la polyptote est simplement une quasi-répétition : au lieu de répéter le mot tel quel, on en répète un dérivé, c'est-à-dire un mot de la même famille.
On dit couramment « Tel est pris qui croyait prendre » : « pris » et « prendre » sont 2 formes verbales apparentées de la même famille, c'est donc une polyptote...

Exemple : 1 expression dans le roman Le Rouge et le Noir de Stendhal, au début du portrait de Mr de Rênal, maire de la ville de Verrières et homme puissant :

« Ses cheveux sont grisonnants, et il est vêtu de gris. »
→ ici « grisonnants » et « gris » renvoie à la même famille lexicale.

Interprétation : la polyptote ne fait ici que souligner l'impression générale de monotonie du personnage, qui est littéralement gris sur gris. De fait son caractère se révèlera dans la suite du roman sans relief ni originalité. Encore y aurait-il fifty des nuances de gris, pourquoi pas, mais là ça paraît juste plat, redondant, parfaitement ennuyeux...

14. L'hyperbole.

Définition : l'hyperbole consiste tout bêtement à exagérer en parlant d'une chose : cela peut se faire au moyen d'intensifs (des adverbes qui servent à renforcer les mots qu'ils accompagnent : « tellement », « si », « extraordinairement », « très » etc.) ou bien en jouant sur le sens des mots (quand tu dis au quotidien, « je suis mort de faim », le sens de « mourir » est nécessairement trop fort par rapport à l'idée d'avoir faim : c'est donc une hyperbole...)

Exemple : 1 expression dans le roman L'Assommoir de Zola, alors que le narrateur décrit le travail de l'héroïne dans une lingerie nauséabonde de Paris :

« Maintenant, toujours assise au bord du tabouret, elle disparaissait entre les chemises et les jupons ; elle avait devant elle les draps, les pantalons, les nappes, une débâcle de malpropreté. »
→ 2 hyperboles pour le prix d'une !
-le verbe « disparaître » est ici exagéré : les tas de linge la cachent un peu mais ils ne l'engloutissent entièrement...
-la métaphore « débâcle de malpropreté » renvoyant à l'idée de défaite militaire donne une proportion épique, gigantesque à ce qui n'est que le désordre d'un local de travail... On parlera donc de métaphore hyperbolique (eh oui, ça se cumule les figures de style...)!

Interprétation : l'exagération sert ici d'outil de dénonciation pour critiquer les conditions de travail des petits artisans parisiens. Dans leur crasse ils semblent comme anéantis : d'où ce thème de la défaite renvoyant à l'idée qu'ils ont perdu leur dignité d'êtres-humains ! Miskina l'héroïne !

V. Des figures de style pour enchaîner les choses

15. L'asyndète

Définition : l'asyndète consiste à enchaîner les noms ou les propositions en retirant toute coordination (mais, ou, et, donc, or, ni, car) ; les mots défilent, juste séparées par des ponctuations (virgule, deux-points ou point-virgule). Cela contribue à accélérer le rythme de la lecture, comme si on bondissait d'un mot à l'autre.
Et pour approfondir... https://archiprof.fr/articles/methodologie/figure-de-style-definition-et-exemple-asyndete-polysyndete/

Exemple : 1 passage dans le roman La religieuse de Diderot, où la narratrice raconte comment elle a croisé au milieu d'un couvent de religieuses une folle furieuse :

« Je n'ai jamais rien vu de si hideux. Elle était échevelée et presque sans vêtement; elle traînait des chaînes de fer; ses yeux étaient égarés; elle s'arrachait les cheveux; elle se frappait la poitrine avec les poings; elle courait, elle hurlait; elle se chargeait elle-même et les autres des plus terribles imprécations; elle cherchait une fenêtre pour se précipiter. »
→ ici les propositions s'enchaînent sans ordre, séparées par des points-virgules : c'est bien une asyndète.

Interprétation : l'asyndète contribue à affoler le lecteur en rendant compte de l'état de panique éprouvée face à cette inconnue totalement folle : la narration s'accélère comme le pouls du témoin et l'absence de lien souligne le désordre mental du personnage évoqué : elle totalement imprévisible dans ses actions de même qu'on ne sait pas à quoi s'attendre dans la suite de la phrase.

16. La polysyndète.

Définition : la polysyndète est le contraire de l'asyndète ; au lieu de supprimer les coordinations on les multiplie de manière excessive. Cela crée une certaine lourdeur permettant de bien appuyer une idée.
Encore pour approfondir... https://archiprof.fr/articles/methodologie/figure-de-style-definition-et-exemple-asyndete-polysyndete/

Exemple n°1 : 1 expression dans le roman La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, en guise de conclusion au portrait mélioratif de l'héroïne.

« tous ses traits étaient réguliers, et son visage et sa personne étaient pleins de grâce et de charmes. »
→ ici on peut remarquer la répétition de la coordination « et » : 2 pour le prix d'une, c'est bien une polysyndète !

Interprétation : la lourdeur de la polysyndète permet ici de valoriser la beauté de l'héroïne en soulignant à quel point celle-ci est complète, au niveau non seulement de son visage mais de sa personne toute entière ! Y a rien à jeter comme disent les porcs...

Exemple n°2 : 1 expression dans le conte philosophique Candide de Voltaire, à la toute fin (SPOILER) quand le précepteur Pangloss veut résumer l'ensemble des aventures arrivées.

« Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles : car enfin si vous n’aviez pas été chassé d’un beau château à grands coups de pied dans le derrière pour l’amour de Mlle Cunégonde, si vous n’aviez pas été mis à l’Inquisition, si vous n’aviez pas couru l’Amérique à pied, si vous n’aviez pas donné un bon coup d’épée au baron, si vous n’aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d’Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches »
→ ici on peut remarquer la répétition de la coordination « si » marquant chaque nouvelle proposition : c'est une polysyndète !

Interprétation : cette fois-ci la polysyndète vise un effet comique (mdrr) en mettant en avant la lourdeur de Pangloss, toujours occupé à philosopher avec des coordinations logiques dans tous les sens ; elles n'expliquent rien en réalité et paraissent d'autant plus gratuites qu'elles sont démultipliées.

VI. Des figures de style symétriques.

17. L'antithèse et l'oxymore.

Définitions : l'antithèse joue sur un balancement entre 2 termes de sens contraires (des antonymes de leur petit nom) : les 2 mots sont comme mis l'un en face de l'autre, au sein d'une même phrase.
L'oxymore va juste un peu plus loin encore, en fusionnant les 2 termes opposés au sein d'une même expression, d'un même groupe nominal, ce qui crée des idées étranges et contre-intuitives (typiquement, l'expression familière : « un beau merdier » qui associe le mélioratif et le péjoratif de manière inattendue)

Exemple d'antithèse : 1 phrase dans le roman La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, où le narrateur explique comment l'héroïne fut éduquée par sa mère et apprit ainsi tout des mystères de l'amour...

« elle lui montrait ce qu'il a d'agréable pour la persuader plus aisément sur ce qu'elle lui en apprenait de dangereux »
→ ici la phrase balance entre 2 idées contraires, « agréable » et « dangereux », méliorative et péjorative.

Interprétation : l'antithèse permet de souligner l'ambivalence de la passion amoureuse, capable à la fois de provoquer le bonheur et le malheur des gens : cela montre que la mère n'a pas été hypocrite avec sa fille, préférant lui dire l'entière vérité plutôt que de lui cacher certains aspects positifs. De plus, ce balancement préfigure le dilemme moral de l'héroïne dans la suite de l'histoire, hésitant entre son désir adultère et son devoir marital.

Exemple d'oxymore : 2 expressions tirées d'un extrait du Supplément au voyage de Bougainville de Diderot, lorsqu'un vieillard indigène demande aux Européens de quitter son île au lieu de pervertir par leur culture sa communauté bienheureuse.

« Nous ne voulons point troquer ce que tu appelles notre ignorance, contre tes inutiles lumières. Tout ce qui nous est nécessaire et bon, nous le possédons.
Sommes-nous dignes de mépris, parce que nous n'avons pas su nous faire des besoins superflus ? »
→ ici 2 expressions sembles paradoxales, « inutiles lumières » (si on part du principe que la connaissance est toujours un bien, utile donc) et « besoins superflus » (vu que le superflu est précisément ce dont on n'a pas besoin...)

Interprétation : ces 2 oxymores permettent de joindre dans une même formulation le point de vue des Européens (valorisant les lumières au point d'en avoir besoin) et celui des Indiens du Pacifiques (jugeant inutiles et superflues les avancées européennes) : la contradiction entre termes de sens opposés signale celle entre les 2 peuples et leurs cultures divergentes. Mieux vaut ne pas se mélanger, dira donc le vieillard...

18. Le parallélisme.

Définition : le parallélisme consiste à répéter une même construction grammaticale à proximité l'une de l'autre, créant un effet de symétrie qui renforce le lien entre les idées mises ainsi en parallèle.

Exemple : dans l'exemple précédent (pour l'antithèse) tiré du roman La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, au sujet de l'éducation de l'héroïne.

« elle lui montrait ce qu'il a d'agréable pour la persuader plus aisément sur ce qu'elle lui en apprenait de dangereux »
→ ici reprise de la structure grammaticale « ce qu'il a d'... » // « ce qu'... de... » qui permet de renforcer le lien entre les 2 morceaux de phrase.

Interprétation : le parallélisme ne fait ici que renforcer l'antithèse expliquée plus haut ; la confrontation des 2 idées contraires (« agréable » et « dangereux ») est accentuée par la ressemblance sur le plan grammatical des 2 morceaux de phrase.

19. Le chiasme.

Définition : le chiasme repose sur l'idée de symétrie inversée, en miroir (comme en mathématique avec la symétrie axiale) : l'ordre des mots d'un morceau de phrase est inversé dans le morceau suivant. C'est le schéma AB / BA.

Exemple 1 : 1 vers dans un poème des Contemplations de Victor Hugo, « A quoi songeaient les deux cavaliers » , où 2 personnes dissertent au sujet de la vie après la mort.

« Leur fosse où l'herbe pousse, où s'effeuillent les bois. »
→ ici c'est l'ordre sujet/verbe qui est inversé d'un morceau à l'autre :
« l'herbe » (A) + « pousse » (B) / « s'effeuillent » (B) + « les bois » (A)

Interprétation : ici le chiasme vient souligner l'idée de cycle, celui de la vie et de la mort, avec ce jeu de renvoi où l'herbe pousse quand les arbres meurent ; le dépérissement des uns permet le développement des autres, telle est la loi de la Nature !

Exemple 2 : quelques vers de la fable « Le Loup et le chien » de La Fontaine, au moment où le chien décrit et vante son mode de vie au loup.

« Le Loup reprit : "Que me faudra-t-il faire ?
- Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son Maître complaire : »
→ ici c'est l'ordre verbe/complément qui est inversé de part et d'autre de la virgule :
« flatter » (A) + COD « ceux du logis » (B) / COI « à son Maître » (B) + « complaire » (A)

Interprétation : cette fois-ci le chiasme permet de signaler comment la vie de chien domestique tourne entièrement autour de la maisonnée. Cela permet notamment d'anticiper sur la chute, au moment où le loup découvre les marques des chaînes du chien, puisque ce chiasme trahit comme un enfermement : qu'on tire la phrase dans un sens ou dans un autre, on est toujours rivé à son centre, avec le logis et le Maître.

VI. Des figures de style « foutage de gueule »...

20. L'ironie et l'antiphrase

Définition : l'ironie consiste à faire semblant de dire quelque chose qu'on juge par ailleurs totalement faux ; elle repose donc sur le fait que le destinataire soit capable de comprendre le fort décalage entre ce qu'on dit et ce qu'on pense.
L'antiphrase pour sa part est une sous-catégorie de l'ironie : elle consiste à dire plus précisément l'exact contraire de ce qu'on pense. C'est la forme la plus élémentaire d'ironie, employé au quotidien en fait : « t'es un malin toi ! », « merci captain obvious ! » etc.

Exemple : 1 phrase dans Les Essais de Montaigne, dans le chapitre « Des Cannibales » alors que l'auteur vient de raconter un échange avec un Indien d'Amérique qui lui a expliqué l'organisation politique et les valeurs de sa culture étrangère.

« Tout cela ne va pas trop mal : mais quoi, ils ne portent point de hauts-de-chausses ! »
→ le jugement positif amorcé au moyen d'une litote (« pas trop mal » = très bien) débouche pourtant sur un jugement négatif prétendument fondé sur l'habillement des indigènes.

Interprétation : l'auteur met ici en scène la bêtise ethnocentriste qui se contente de juger les cultures étrangères à partir de points de détail superficiels (en l'occurrence le port des hauts-de-chausses en Europe) au lieu de s'efforcer d'abord d'en approfondir la compréhension. Il va cependant de soit que tout ce qui a été dit dans le reste du chapitre nous permet de comprendre que Montaigne est ici parfaitement ironique.

21. La question rhétorique

Définition : La question rhétorique consiste à poser une question dont on connait déjà la réponse, plus encore dont la réponse est parfaitement évidente pour tout le monde, y compris le lecteur. Cela sert avant tout à l'interpeller et à l'impliquer d'avantage dans le fil du raisonnement.

Exemple : 1 extrait du Supplément au voyage de Bougainville de Diderot, au moment où un vieillard indigène dénonce la malhonnêteté et l'impérialisme des Européens lancés dans leur projet de conquête coloniale.

« Si un Tahitien débarquait un jour sur vos côtes, et qu'il gravât sur une de vos pierres ou sur l'écorce d'un de vos arbres : Ce pays est aux habitants de Tahiti, qu'en penserais-tu ? »
→ la question ici posée n'appelle aucune réponse ; le texte se poursuit de fait sans attendre la réplique de Bougainville.

Interprétation : la question rhétorique vise ici à susciter la prise de conscience européenne devant le caractère scandaleux du projet impérialiste dont les rôles ont été renversés dans la conditionnelle « Si un Tahitien... ». Partageant le point de vue tahitien, le lecteur européen ne peut que répondre par l'indignation à cette question !

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21, le compte est bon.
Et promis, la prochaine fois, je te parle de l'aposiopèse, la catachrèse, le zeugme, l'hyperbate et l'anacoluthe. Ensuite on se fera le goûter avec les académiciens oklm ;)

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