1. La construction du mot

      Allez, puisque c'est au programme de grammaire, on va vraiment détailler de quoi est composé le mot avant de le définir.

      Asyndète et polysyndète ; en gros dète (la racine donc) + 2 préfixes :

      Déja le syn- signifiant "ensemble" (syn-thèse = qui remet tout ensemble, syn-onymes = mots qui partagent ensemble le même sens)

      Puis :

      - soit le a- privatif (a-phone = qui est privé de sa voix, a-normal = qui n'est pas normal etc.)

      - soit le poly- renvoyant à l'idée de pluralité (poly-valent = qui sait faire plusieurs choses, poly-gone = figure qui a plusieurs côtés)

      Donc asyndète, c'est quand on est privé de dète ensemble ; polysyndète, c'est quand on multiplie la dète ensemble.

      C'est bon, t'as capté?

2. Dète : définition complète du mot...

      Dète, c'est simplement un mot d'origine grec renvoyant à l'idée de lien ; en l'occurrence le lien entre les mots d'une phrase.

      Une polysyndète, c'est quand je renforce le lien entre les mots d'une énumération en multipliant les conjonctions de coordination (mais, ou, et, donc, or, ni, car).

      Ex : avec une énumération de noms, "Il m'a pris et mon argent et ma bonne humeur..." (2 "et" quand on en a besoin que d'un, c'est une polysyndète!)

      Ou bien une énumération de propositions, "Et je te parle et tu ne m'écoutes pas et tu n'en fais qu'à ta tête..." (3 "et" pour le prix d'un, polysyndète encore!)

      Une asyndète, c'est le contraire : quand j'atténue le lien entre les mots d'une énumération en remplaçant les conjonctions par des ponctuations faibles (virgule, deux-points, point-virgule)

      Ex : avec une énumération de noms, "j'ai abandonné maison**,** femme**,** enfants pour refaire ma vie à l'étranger." (0 coordination pour une énumération à 3 éléments, c'est une asyndète!)

      Ou bien une énumération de propositions, "Il me voit entrer ; me saute dessus ; me parle de ses problèmes ; me supplie de lui prêter de l'argent ; je suis ressorti de là avec un mal de crâne..." (que des points-virgules pour séparer les 5 propositions, c'est l'asyndète assurée!)

3. Interpréter asyndète et polysyndète

      Bon, comme d'habitude, ce n'est pas tout de savoir identifier une figure de style : encore faut-il la faire fonctionner avec le reste du commentaire.

      Pas de souci, l'asyndète et la polysyndète visent plus ou moins toujours les mêmes effets. Donc ici on va prendre 2 exemples tirés de textes littéraires pour les analyser ; comme ça on comprendra ce qu'il y aura généralement à dire sur une asyndète ou une polysyndète dans un commentaire...

La polysyndète : accentuer à mort!

      Petit extrait de La Princesse de Clèves par Madame de La Fayette (au programme du bac 2020, rappelons-le...), où l'on nous décrit la beauté de l'héroïne :

La blancheur de son teint et ses cheveux blonds lui donnaient un éclat que l'on n'a jamais vu qu'à elle ; tous ses traits étaient réguliers, et son visage et sa personne étaient pleins de grâce et de charmes.

      C'est bon, t'as repéré notre polysyndète?

      Exact : 2 "et" pour le prix d'un... "et son visage et sa personne..."

      Maintenant qu'en dire?...

      Comme tu peux le constater, le narrateur est plutôt élogieux en ce qui concerne l'héroïne : il évoque son "éclat" sans pareil, la régularité de ses traits, sa "grâce" et ses "charmes" etc. Bref elle semble parfaite! Il n'y a rien qui soit de travers, tout paraît beau dans ce portrait...

      D'où la polysyndète qui vient accentuer l'impression de beauté complète, totale : non seulement son visage est plein de grâce et de charmes mais sa personne aussi!

      C'est donc en définitive une figure d'insistance pour appuyer notamment l'idée de cumul, et parfois la pousser jusqu'à une lourdeur caricaturale comme dans d'autres textes.

L'asyndète : coup d'accélérateur!

      A présent un extrait des Lettres Persanes de Montesquieu (encore au programme du bac -l'Archiprof optimise tout, t'as vu?), où l'on nous décrit deux personnes vertueuses :

Il y avait dans ce pays deux hommes bien singuliers : ils avaient de l'humanité ; ils connaissaient la justice ; ils aimaient la vertu.

      Oui, l'asyndète tient effectivement à l'enchaînement des 3 propositions séparées par les points-virgules : "ils avaient... ; ils connaissaient... ; ils aimaient..."

      Et donc?

      On peut remarquer que notre énumération (de propositions) est une gradation avec des verbes de plus en forts (du simple "avoir", tout à fait neutre, jusqu'à "aimer" indiquant un lien d'affection fort) : plus l'on parle de ces 2 hommes, plus l'on se rend compte à quel point ils sont vertueux.

      Or l'asyndète vient accélérer ce mouvement, en supprimant tout mot de coordination, pour renforcer l'association étroite entre les personnages et l'idée de vertu ; ils passent pour des aimants à vertu, l'attirant à eux au point de brûler toute étape, toute coordination.

      C'est toujours cette brusque accélération que l'on retrouve avec l'asyndète, tantôt pour renforcer un lien d'évidence

      entre idées, comme ici, tantôt pour donner une impression de confusion et de désordre.

      Des questions?

C'est sur instagram qu'il faut les poser : archi.prof Je réponds toujours, tôt ou tard! ;)