« Individu, morale et société » - Marie Madeleine La Fayette
« Individu, morale et société »
La Princesse de Clèves – Mme de La Fayette (1678)
Et pour suivre la leçon en vidéo, c'est par ici !...
I. Éléments de culture littéraire
1. Le roman
Étymologiquement, œuvre écrite en langue « romane » (et donc non en latin classique, langue des érudits à l'époque...)
→ genre décrié, jugé vulgaire, uniquement voué à une fonction de divertissement : évasion dans un univers fictif avec de grandes sentiments et des aventures romanesques.
L'avis de Chapelain l'académicien...
« N'oubliez pas que les lecteurs des romans ne sont ni philosophes ni gens d'État, mais sont gens de cour ou femmes délicates »
2. Le classicisme
Sensibilité ( désignée usuellement comme “ mouvement ” ) en quête d'ordre et de mesure, après l'exubérance du baroque.
// stabilisation de la monarchie (→ absolue) et de l'État moderne sur le plan national, après les troubles des guerres de religion.
→ codification et règles de composition, inspirées par la redécouverte de textes antiques ( La Poétique d'Aristote )
Ex : les 3 unités dans le théâtre classique...
3. Le moralisme
Partie prenante de cette vocation “ classiciste ” d'ordre et de mesure, une réflexion morale sur le comportement et les modèles à suivre pour l'être-humain.
→ dénonciation des excès au travers des « caractères »
→ maximes et aphorismes pour guider les lecteurs
→ apologues, fables pour illustrer une « morale »
En tant que roman, genre narratif sans grande structure, La Princesse de Clèves se rattache au moralisme classiciste en ce qu'il est le lieu d'une réflexion sur l'âme humaine.
= roman d'analyse psychologique autour de la passion
→ moments d'introspection de la Princesse notamment
DONC : jalon dans l'histoire de la littérature
= au-delà du pur divertissement, l'aspiration à une vérité d'ordre moral...
II. Les mots du programme
1. Société
NON la société au grand complet comme dans le réalisme
MAIS la petite société...
-a) l'élite aristocrate
= patrimoine et fortune assurant un pouvoir local en lien avec l'autorité globale du Roi
-b) la cour du Louvre
= réunion des plus grands du royaume au plus proche du pouvoir.
→ lieu où se concentrent rivalités et compétitions
« Il y avait tant d'intérêts et tant de cabales différentes, et les dames y avaient tant de part que l'amour était toujours mêlé aux affaires et les affaires à l'amour. »
→ lieu où convergent les regards et l'admiration
« Il parut alors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde, et l'on doit croire que c'était une beauté parfaite, puisqu'elle donna de l'admiration dans un lieu où l'on était si accoutumé à voir de belles personnes. »
2. Morale
Morale aristocratique donc
= vertu et devoir maritale au centre des préoccupations
// mariage = transmission du sang, du titre et du patrimoine
DONC : question cruciale où il en va de la lignée toute entière, et non de simples préférences individuelles...
MAIS : face à cette morale,
/ immoralité de la cour, petit monde de séduction (superficialité) et de tromperie (hypocrisie)
-a) galanterie
// moments de sociabilité constants
= duc de Nemours
-b) manipulation
// double-jeu caché
= Mme de Tournon
Dans les 2 cas,
opposition d'un principe de désordre (amours adultères et secrets)
/ à un principe d'ordre (mariage stable et réputation public)
3. Individu.
Profondeurs psychologiques explorée par la narration
= variations de focalisation interne
→ roman d'analyse psychologique
Mise à jour des secrets de l'âme...
→ thème de la passion, particulièrement ambivalent :
-a) immoralité de la passion :
- désordre des mariages
= passion adultère de la Princesse de Clèves
- sentiment par nature excessif
= jalousie maladive du Prince de Clèves
→ idée d'aliénation : impuissance face à la passion
-b) authenticité de la passion
→ en contradiction avec l'esprit de la cour et de la galanterie
= discordance entre la Princesse et le duc lors du bal
DONC :
1 l'individu obéit à la moralité aristocratique
( autorité de la mère puis du mari)
2 tout en s'exposant à l'immoralité de la cour galante
( séduction du duc de Nemours )
3 au point d'être victime d'une passion incontrôlable
( conflit intérieur de la Princesse de Clèves )
MAIS : choix radical de l'héroïne
1 refus de se remarier mettant fin à la lignée aristocratique
( elle ne sera jamais mère)
2 retrait au couvent loin de la vie de cour
(elle s'exile hors de la société)
3 rupture avec le duc de Nemours en dépit de son amour...
(elle se révèle plus forte que la passion)
→ affirmation d'une indépendance fondée sur sa foi en Dieu
// radicalité de la pensée pessimiste janséniste
= seul compte ultimement le jugement de Dieu à la fin

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Quelques sujets enfin...
Dans le roman de Madame de Lafayette, est-ce la raison qui guide la princesse ? Vous répondre à cette question dans un développement organisé. Votre réflexion prendra appui sur le roman de Madame de Lafayette La Princesse de Clèves sur le travail mené dans le cadre du parcours associé et sur votre culture personnelle.
OUI
MAIS
EN FAIT
La raison : la vertu, liée à la société, raisonnable,
/ opposé à la passion
guide : la mère, le mari, l'expérience, Dieu
→ idée de tutelle, assujettissement
PROBLÉMATISATION :
En quoi la Princesse de Clèves a-t-elle la volonté de combattre ses passions pour suivre la Raison ?
I. Volonté de suivre la raison (suivre un modèle donné par la société)
L'éducation (Mme de Chartres)
L'analyse psychologique (lien entre les introspections et la réflexion moraliste du classicisme)
L'acte désespéré de l'aveu
II. La passion s'oppose pourtant à la raison
L'aveuglement (topos du coup de foudre)
Le constat de l'impuissance
L'enfer de la jalousie et la souffrance
III. Un autre chemin : une raison indépendante qui s'affirme au fil du récit
(construire son propre modèle : la vocation religieuse de la Princesse)
L'individu s'affirme contre toute forme de guide (rupture avec de Nemours, refus de se remarier, rejet de sa passion) dans le contexte où elle est libre (veuve)
Elle se redéfinit par rapport à un idéal religieux qu'elle vit dans sa foi intérieure en suivant en vocation individuelle → jansénisme
Une œuvre qui promeut l'idée de réflexion en créant le débat autour de thèmes moraux : une nouvelle vocation pour le roman ?
En quoi, dans La Princesse de Clèves, la société place-t-elle l’individu face à des contradictions insurmontables ?
Vous répondrez à cette question dans un développement organisé. Votre réflexion prendra appui sur l’œuvre de Madame de Lafayette au programme, sur le travail mené dans le cadre du parcours associé et sur votre culture littéraire.
Selon vous, Madame de Lafayette condamne-t-elle la passion amoureuse dans La Princesse de Clèves ? Vous répondrez à cette question dans un développement organisé en vous appuyant sur le roman de Madame de La Fayette, sur les textes que vous avez étudiés dans le cadre du parcours associé et sur votre culture personnelle.
Quelques sujets enfin...
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MAIS
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La raison : la vertu, liée à la société, raisonnable,
/ opposé à la passion
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En quoi la Princesse de Clèves a-t-elle la volonté de combattre ses passions pour suivre la Raison ?
I. Volonté de suivre la raison (suivre un modèle donné par la société)
L'éducation (Mme de Chartres)
L'analyse psychologique (lien entre les introspections et la réflexion moraliste du classicisme)
L'acte désespéré de l'aveu
II. La passion s'oppose pourtant à la raison
L'aveuglement (topos du coup de foudre)
Le constat de l'impuissance
L'enfer de la jalousie et la souffrance
III. Un autre chemin : une raison indépendante qui s'affirme au fil du récit
(construire son propre modèle : la vocation religieuse de la Princesse)
L'individu s'affirme contre toute forme de guide (rupture avec de Nemours, refus de se remarier, rejet de sa passion) dans le contexte où elle est libre (veuve)
Elle se redéfinit par rapport à un idéal religieux qu'elle vit dans sa foi intérieure en suivant en vocation individuelle → jansénisme
Une œuvre qui promeut l'idée de réflexion en créant le débat autour de thèmes moraux : une nouvelle vocation pour le roman ?
En quoi, dans La Princesse de Clèves, la société place-t-elle l’individu face à des contradictions insurmontables ?
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