Disserter sur la Princesse de Clèves : la société - Marie Madeleine La Fayette

      1678….
      La Princesse de Clèves est en vente chez tous les libraires du royaume -publié de manière anonyme par contre, car M’dame de La Fayette n’assume pas du tout le statut de romancière. Rien d’étonnant à cela, car à l’époque il n’y a pas genre littéraire plus déprécié ! Le roman c’était alors comme les influenceurs fit sur insta aujourd’hui : tout le monde les bashent à table et pourtant ils font le million de vues, personne ne sait comment. Allez checker les collections, vous y trouverez votre réponse, promesse…

      Et pour cause : le roman, ça s’appelle “roman” parce qu’originellement le nom désignait les écrits en langue romane, c’est-à-dire en une langue vivante, sorte de mélange entre le latin populaire et les dialectes locaux barbares. Bref le roman, c’est tout ce qui n’était pas écrit en latin classique, et donc sans obligation de diplôme pour se laisser déchiffrer.
      Pas la peine d’avoir mouillé la toge, comme les savants et les érudits, pour en comprendre les grandes lignes.

      Du coup l’idée, que c’est un genre littéraire pour ignares, est resté au fil des siècles et des créations littéraires.
      Pour preuve : au XVIème siècle, c’est l’Académie française qui pèse dans le game des Lettres : l’institution créé en 1634 par Richelieu s’est expressément donnée pour mission de recadrer la canaille qui parlerait mal la langue -et pas qu’à moitié : mate donc le sabre, mieux qu’un bescherelle, pour faire respecter l’antéposition du COD.

      Tu cherches querelle poto ?
      Or c’est typiquement ce petit milieu des durs du bulbe qui met la pression sur les romanciers et leurs romans en carton. Qui ne RT pas leurs publis ferait mieux de supprimer son compte, c'est réel.

      Voilà pourquoi son académicien de Chapelain sert une roquette bien sentie à ces freluquets de romanciers, dans une lettre au poète Scudéry…

« N'oubliez pas que les lecteurs des romans ne sont ni philosophes ni gens d'État, mais sont gens de cour ou femmes délicates. »

      Tu peux la noter celle-là : c'est de la bonne amorce en introduction...
      Il n’y a pas de pensée dans le roman, ne cherchez pas. Ce n’est pas une culture, le roman ; c’est la position PLS de la culture.
      Sans un coup de sabre, Chapelain dead tout ça. Masterclass a-ca-démique !
      Sans oublier la pointe de misogynie, pour bien expliciter le “ y a quoi là ? ”…

      Mais Chapelain a-t-il lu La Princesse de Clèves ? Mister BAC l’a lu, c’est certifié. Toi, tu l’as lu, au moins ?
      [Et lire, ça n’a rien à voir avec scroller la listes des chapitres résumés sur commentairecompose.fr. On peut bien kiffer l'adorable Amélie Vioux sans brader sa dignité, c’est réel...]

      Une vidéo sur Montaigne, Amélie ? Vraiment ?
      Mais vaut-elle ce chef d'oeuvre ?

      Sabré comme jamais, Chapelain peut tout de même aller se rhabiller, dixit Mister BAC. Quand on explore si profondément les secrets du coeur, quand on interroge si dramatiquement la conscience morale, quand on dissèque si minutieusement les mécanismes de la cour aristocratique, on n’a pas de compte à rendre. N’en déplaise à Chapelain, avec son nom de viennoiserie à la crème de poire.

      Car Mister BAC s’est pris de passion pour la Princesse de Clèves…
      Et d’après le ministère, ça tient en 3 mots : individu, morale et société !

      Donc, pour tâcher d’y voir plus clair, non sans style et beau culot, on va tout mettre à l’envers -c’est réelle comme méthode, labellisée Archiprof, pour faire parler les mots du ministère.

      1678….
      La Princesse de Clèves est en vente chez tous les libraires du royaume -publié de manière anonyme par contre, car M’dame de La Fayette n’assume pas du tout le statut de romancière. Rien d’étonnant à cela, car à l’époque il n’y a pas genre littéraire plus déprécié ! Le roman c’était alors comme les influenceurs fit sur insta aujourd’hui : tout le monde les bashent à table et pourtant ils font le million de vues, personne ne sait comment. Allez checker les collections, vous y trouverez votre réponse, promesse…

      Et pour cause : le roman, ça s’appelle “roman” parce qu’originellement le nom désignait les écrits en langue romane, c’est-à-dire en une langue vivante, sorte de mélange entre le latin populaire et les dialectes locaux barbares. Bref le roman, c’est tout ce qui n’était pas écrit en latin classique, et donc sans obligation de diplôme pour se laisser déchiffrer.
      Pas la peine d’avoir mouillé la toge, comme les savants et les érudits, pour en comprendre les grandes lignes.

      Du coup l’idée, que c’est un genre littéraire pour ignares, est resté au fil des siècles et des créations littéraires.
      Pour preuve : au XVIème siècle, c’est l’Académie française qui pèse dans le game des Lettres : l’institution créé en 1634 par Richelieu s’est expressément donnée pour mission de recadrer la canaille qui parlerait mal la langue -et pas qu’à moitié : mate donc le sabre, mieux qu’un bescherelle, pour faire respecter l’antéposition du COD.

      Tu cherches querelle poto ?
      Or c’est typiquement ce petit milieu des durs du bulbe qui met la pression sur les romanciers et leurs romans en carton. Qui ne RT pas leurs publis ferait mieux de supprimer son compte, c'est réel.

      Voilà pourquoi son académicien de Chapelain sert une roquette bien sentie à ces freluquets de romanciers, dans une lettre au poète Scudéry…

« N'oubliez pas que les lecteurs des romans ne sont ni philosophes ni gens d'État, mais sont gens de cour ou femmes délicates. »

      Tu peux la noter celle-là : c'est de la bonne amorce en introduction...
      Il n’y a pas de pensée dans le roman, ne cherchez pas. Ce n’est pas une culture, le roman ; c’est la position PLS de la culture.
      Sans un coup de sabre, Chapelain dead tout ça. Masterclass a-ca-démique !
      Sans oublier la pointe de misogynie, pour bien expliciter le “ y a quoi là ? ”…

      Mais Chapelain a-t-il lu La Princesse de Clèves ? Mister BAC l’a lu, c’est certifié. Toi, tu l’as lu, au moins ?
      [Et lire, ça n’a rien à voir avec scroller la listes des chapitres résumés sur commentairecompose.fr. On peut bien kiffer l'adorable Amélie Vioux sans brader sa dignité, c’est réel...]

      Une vidéo sur Montaigne, Amélie ? Vraiment ?
      Mais vaut-elle ce chef d'oeuvre ?

      Sabré comme jamais, Chapelain peut tout de même aller se rhabiller, dixit Mister BAC. Quand on explore si profondément les secrets du coeur, quand on interroge si dramatiquement la conscience morale, quand on dissèque si minutieusement les mécanismes de la cour aristocratique, on n’a pas de compte à rendre. N’en déplaise à Chapelain, avec son nom de viennoiserie à la crème de poire.

      Car Mister BAC s’est pris de passion pour la Princesse de Clèves…
      Et d’après le ministère, ça tient en 3 mots : individu, morale et société !

      Donc, pour tâcher d’y voir plus clair, non sans style et beau culot, on va tout mettre à l’envers -c’est réelle comme méthode, labellisée Archiprof, pour faire parler les mots du ministère.




Disserter sur la Princesse de Clèves : la société - Marie Madeleine La Fayette




Disserter sur la Princesse de Clèves : la société - Marie Madeleine La Fayette

Société : haute noblesse et petite cour…

      Si La Princesse de Clèves est publié en 1678, en plein règne de Louis XIV -qu’on appelle le Roi-soleil quand pourtant il fait de l’ombre à tous les autres rois-, le récit nous transporte un siècle plus tôt, en pleine cour royale d’Henri II.

      Un swagg royal qui tient tout entier dans le regard, moitié osef supérieur moitié sieste.
      Henri II donc, c’est un siècle plus tôt, bien avant l’instauration de la monarchie absolue et de sa cour de Versailles ; c’est-à-dire bien avant que le pouvoir royal n’impose définitivement, et fermement, son autorité sur le territoire national.
      Un siècle plus tôt, on est encore en plein boom de la noblesse, en une période où les grandes familles, ses seigneurs et ses lignées de sang, pèsent de tout leur poids sur la vie politique, économique et sociale du royaume.

Micro-société de la cour

      C’est crucial.
      Quand Mister BAC annonce “société” au sujet de La Princesse de Clèves, tu peux d’emblée rayer l’idée de “société française”, rien à voir! On est loin du roman réaliste façon XIXème : là on s’efforce de décrire et de réfléchir les différentes classes sociales, leurs interactions, luttes et transformations. Mais M’dame de La Fayette, c’est un tout autre calibre, sa “société”.
      C’est pas des blagues : j’ai cherché dans tout le bouquin : le seul personnage qui ait un poids réel dans l’intrigue sans avoir de titre ni de particule, c’est le “ gentilhomme ” de M. de Clèves.
      Souviens-toi, c’est un de ses serviteurs, celui qui lui sert d’espion pour traquer ce gros charo de Nemours. Il lui raconte à gros traits comment le duc rentre deux nuits de suite chez sa dame -alors qu’en fait il ne fait que la guetter depuis le jardin, en chien. Le Prince de Clèves n’ira pas plus loin, dans sa petite enquête comme dans sa vie de canard : coeur brisé, il décède dans la foulée.
      Chapeau bas le “gentilhomme” qui sans titre ni noblesse dead tout ça, au propre comme au figuré !

      Les gilets jaunes sont verts : ils ont trouvé leur maître en fatale justice sociale !
      Mais tu remarqueras qu’en dépit de la meilleure des volontés, le “gentilhomme” reste anonyme. Les noms sans particule ne valent pas la peine d’être notés chez M’dame de La Fayette. C’est clair ?

      Bref la “société” dans la Princesse de Clèves, ce n’est pas la nation dans sa diversité sociale, nope ; c’est la micro-société que constitue la cour, et plus généralement ce petit monde privilégié des aristocrates !
      Ici, la “société”, c’est l’élite.

Être aristocrate ?

      Élite aristocrate, c’est-à-dire ?
      C’est-à-dire de Nemours, de Clèves, de Tournon, de Sancerre, de Montpensier, de Chartres etc etc…
      C’est-à-dire un nom propre doté d’une particule, le “de”, qui n’est pas là pour faire joli mais signifie littéralement “qui vient de”. D’où le nom de lieu qui l’accompagne -car tous ces noms propres, étalés là, sont en fait des appellations géographiques.
      “Monsieur de Chartres” est littéralement le seigneur qui “vient de” Chartres, et plus exactement le seigneur qui y détient des territoires et qui par conséquent règne sur les terres en question.
      Bref, le nom propre d’un noble recouvre aussi un titre de propriété -un domaine dont l’exploitation agricole permet de tirer une fortune considérable- et une fonction politique -une autorité locale sur les populations quitte à concurrencer parfois le pouvoir royal.

      Souviens-t-en : un titre de noblesse, c’est une fortune financière et une autorité politique.
      Du cash et du respect, pour l’élite.

      Et là tu comprends l’enjeu de réunir tout ce petit monde en une cour : pour le roi, qui s’efforce de garder le contrôle du royaume et de centraliser tous les pouvoirs, il est crucial d’avoir toujours à l’oeil cette petite “société”.

      Les petits bals du Louvre, où l’on bouge son boule sur des pavanes, voltes et gaillardes endiablées, c’est le meilleur moyen de surveiller les Grands du royaume. Les amadouer, les cajoler oklm pour qu’ils mettent leur puissance financière et politique au service de la Couronne, sans mettre la pression, ni dégainer les arquebuses.
      Alors tu auras tout compris : la cour du Louvre, c’est La City de Londres. On y fait de grosses affaires ; on y noue des alliances, y déjoue des complots, et le moindre bruit de couloir, le moindre regard de travers pèsent massivement sur les destinées de la Nation.

Stratégies matrimoniales...

      Mais il est un type d’affaires particulièrement crucial en la matière : lequel à ton avis ?...

      Prépare les mollets : on va pédaler en pleine semoule…

      Un nom propre, cela fonctionne comment ? D’où te vient le tien ?
      Dans la majorité des cas, du père.
      Cela se transmet par la parenté, du père à ses enfants, tradition patriarcale oblige.
      Or l’on vient de dire que toute la puissance de la noblesse tient à son nom propre, sa petite particule et son appellation géographique. De Chartres, de Sancerre, d’Angoulême etc etc.
      Si la particule se transmet par la filiation donc, à ton avis quelle sera la grande affaire de cette existence noble ?
      Le mariage, nécessairement, prélude à la parenté et à la passation du nom au fil des générations “bien-nées”.
      Qui dit “bien-né” dit donc “bien-marié”...
      Voilà pourquoi les mariages ne sont pas tellement affaire d’amour dans la petite “société” aristocratique de La Princesse de Clèves.
      Business is business -les tendres sentiments sont trop doux quand il s’agit de négocier la succession d’un titre vieux de plusieurs siècles, source de revenus et puissance sans nombre…
      Deux petits nobles qui se marient, c’est un peu comme une fusion-acquisition entre deux grandes firmes sur le marché mondial. Comme le rachat d’Instagram par Facebook par exemple. Tu t’en doutes, l’amour est secondaire au moment de la signature…

      Ce sens des affaires, cet orgueil du nom qui recherche les meilleures alliances, c’est principalement Mme de Chartres qui l’incarne dans le roman.
      De fait la première partie rend compte de ces ambitions : son retour à la cour, accompagnée de sa fille, n’a d’autre but que de la marier, stratégiquement, en faisant valoir ses qualités naturelles et notamment son impeccable beauté…
      Non, l’aristocratie n’a pas inventé le féminisme.
      Marier sa fille, c’est faire le meilleur placement pour sa lignée et son sang, afin qu’elle conserve son rang voire l’élève encore un petit peu plus.
      Tu te souviens ? Mme de Chartres ira jusqu’à faire jouer l’influence de la dauphine pour appuyer un projet d’union entre sa fille et le prince dauphin. Plus l’on s’approche du trône, et de la lignée royale, plus on marque des points dans le noblesse game.
      Or la duchesse de Valentinois fait finalement échouer le projet : elle est en fait personnellement hostile à la maison de Chartres, du fait de sa rivalité avec l’oncle de l’héroïne. Les deux personnages se disputent l’influence politique qu’ils ont sur le Roi.
      À retenir donc : tout est question d’affaires et de pouvoir dans cette “société” de l’élite...

      Avançons…
      Après la "société", penchons-nous sur la "morale" stp !

Société : haute noblesse et petite cour…

      Si La Princesse de Clèves est publié en 1678, en plein règne de Louis XIV -qu’on appelle le Roi-soleil quand pourtant il fait de l’ombre à tous les autres rois-, le récit nous transporte un siècle plus tôt, en pleine cour royale d’Henri II.

      Un swagg royal qui tient tout entier dans le regard, moitié osef supérieur moitié sieste.
      Henri II donc, c’est un siècle plus tôt, bien avant l’instauration de la monarchie absolue et de sa cour de Versailles ; c’est-à-dire bien avant que le pouvoir royal n’impose définitivement, et fermement, son autorité sur le territoire national.
      Un siècle plus tôt, on est encore en plein boom de la noblesse, en une période où les grandes familles, ses seigneurs et ses lignées de sang, pèsent de tout leur poids sur la vie politique, économique et sociale du royaume.

Micro-société de la cour

      C’est crucial.
      Quand Mister BAC annonce “société” au sujet de La Princesse de Clèves, tu peux d’emblée rayer l’idée de “société française”, rien à voir! On est loin du roman réaliste façon XIXème : là on s’efforce de décrire et de réfléchir les différentes classes sociales, leurs interactions, luttes et transformations. Mais M’dame de La Fayette, c’est un tout autre calibre, sa “société”.
      C’est pas des blagues : j’ai cherché dans tout le bouquin : le seul personnage qui ait un poids réel dans l’intrigue sans avoir de titre ni de particule, c’est le “ gentilhomme ” de M. de Clèves.
      Souviens-toi, c’est un de ses serviteurs, celui qui lui sert d’espion pour traquer ce gros charo de Nemours. Il lui raconte à gros traits comment le duc rentre deux nuits de suite chez sa dame -alors qu’en fait il ne fait que la guetter depuis le jardin, en chien. Le Prince de Clèves n’ira pas plus loin, dans sa petite enquête comme dans sa vie de canard : coeur brisé, il décède dans la foulée.
      Chapeau bas le “gentilhomme” qui sans titre ni noblesse dead tout ça, au propre comme au figuré !

      Les gilets jaunes sont verts : ils ont trouvé leur maître en fatale justice sociale !
      Mais tu remarqueras qu’en dépit de la meilleure des volontés, le “gentilhomme” reste anonyme. Les noms sans particule ne valent pas la peine d’être notés chez M’dame de La Fayette. C’est clair ?

      Bref la “société” dans la Princesse de Clèves, ce n’est pas la nation dans sa diversité sociale, nope ; c’est la micro-société que constitue la cour, et plus généralement ce petit monde privilégié des aristocrates !
      Ici, la “société”, c’est l’élite.

Être aristocrate ?

      Élite aristocrate, c’est-à-dire ?
      C’est-à-dire de Nemours, de Clèves, de Tournon, de Sancerre, de Montpensier, de Chartres etc etc…
      C’est-à-dire un nom propre doté d’une particule, le “de”, qui n’est pas là pour faire joli mais signifie littéralement “qui vient de”. D’où le nom de lieu qui l’accompagne -car tous ces noms propres, étalés là, sont en fait des appellations géographiques.
      “Monsieur de Chartres” est littéralement le seigneur qui “vient de” Chartres, et plus exactement le seigneur qui y détient des territoires et qui par conséquent règne sur les terres en question.
      Bref, le nom propre d’un noble recouvre aussi un titre de propriété -un domaine dont l’exploitation agricole permet de tirer une fortune considérable- et une fonction politique -une autorité locale sur les populations quitte à concurrencer parfois le pouvoir royal.

      Souviens-t-en : un titre de noblesse, c’est une fortune financière et une autorité politique.
      Du cash et du respect, pour l’élite.

      Et là tu comprends l’enjeu de réunir tout ce petit monde en une cour : pour le roi, qui s’efforce de garder le contrôle du royaume et de centraliser tous les pouvoirs, il est crucial d’avoir toujours à l’oeil cette petite “société”.

      Les petits bals du Louvre, où l’on bouge son boule sur des pavanes, voltes et gaillardes endiablées, c’est le meilleur moyen de surveiller les Grands du royaume. Les amadouer, les cajoler oklm pour qu’ils mettent leur puissance financière et politique au service de la Couronne, sans mettre la pression, ni dégainer les arquebuses.
      Alors tu auras tout compris : la cour du Louvre, c’est La City de Londres. On y fait de grosses affaires ; on y noue des alliances, y déjoue des complots, et le moindre bruit de couloir, le moindre regard de travers pèsent massivement sur les destinées de la Nation.

Stratégies matrimoniales...

      Mais il est un type d’affaires particulièrement crucial en la matière : lequel à ton avis ?...

      Prépare les mollets : on va pédaler en pleine semoule…

      Un nom propre, cela fonctionne comment ? D’où te vient le tien ?
      Dans la majorité des cas, du père.
      Cela se transmet par la parenté, du père à ses enfants, tradition patriarcale oblige.
      Or l’on vient de dire que toute la puissance de la noblesse tient à son nom propre, sa petite particule et son appellation géographique. De Chartres, de Sancerre, d’Angoulême etc etc.
      Si la particule se transmet par la filiation donc, à ton avis quelle sera la grande affaire de cette existence noble ?
      Le mariage, nécessairement, prélude à la parenté et à la passation du nom au fil des générations “bien-nées”.
      Qui dit “bien-né” dit donc “bien-marié”...
      Voilà pourquoi les mariages ne sont pas tellement affaire d’amour dans la petite “société” aristocratique de La Princesse de Clèves.
      Business is business -les tendres sentiments sont trop doux quand il s’agit de négocier la succession d’un titre vieux de plusieurs siècles, source de revenus et puissance sans nombre…
      Deux petits nobles qui se marient, c’est un peu comme une fusion-acquisition entre deux grandes firmes sur le marché mondial. Comme le rachat d’Instagram par Facebook par exemple. Tu t’en doutes, l’amour est secondaire au moment de la signature…

      Ce sens des affaires, cet orgueil du nom qui recherche les meilleures alliances, c’est principalement Mme de Chartres qui l’incarne dans le roman.
      De fait la première partie rend compte de ces ambitions : son retour à la cour, accompagnée de sa fille, n’a d’autre but que de la marier, stratégiquement, en faisant valoir ses qualités naturelles et notamment son impeccable beauté…
      Non, l’aristocratie n’a pas inventé le féminisme.
      Marier sa fille, c’est faire le meilleur placement pour sa lignée et son sang, afin qu’elle conserve son rang voire l’élève encore un petit peu plus.
      Tu te souviens ? Mme de Chartres ira jusqu’à faire jouer l’influence de la dauphine pour appuyer un projet d’union entre sa fille et le prince dauphin. Plus l’on s’approche du trône, et de la lignée royale, plus on marque des points dans le noblesse game.
      Or la duchesse de Valentinois fait finalement échouer le projet : elle est en fait personnellement hostile à la maison de Chartres, du fait de sa rivalité avec l’oncle de l’héroïne. Les deux personnages se disputent l’influence politique qu’ils ont sur le Roi.
      À retenir donc : tout est question d’affaires et de pouvoir dans cette “société” de l’élite...

      Avançons…
      Après la "société", penchons-nous sur la "morale" stp !

Société : haute noblesse et petite cour…

      Si La Princesse de Clèves est publié en 1678, en plein règne de Louis XIV -qu’on appelle le Roi-soleil quand pourtant il fait de l’ombre à tous les autres rois-, le récit nous transporte un siècle plus tôt, en pleine cour royale d’Henri II.

      Un swagg royal qui tient tout entier dans le regard, moitié osef supérieur moitié sieste.
      Henri II donc, c’est un siècle plus tôt, bien avant l’instauration de la monarchie absolue et de sa cour de Versailles ; c’est-à-dire bien avant que le pouvoir royal n’impose définitivement, et fermement, son autorité sur le territoire national.
      Un siècle plus tôt, on est encore en plein boom de la noblesse, en une période où les grandes familles, ses seigneurs et ses lignées de sang, pèsent de tout leur poids sur la vie politique, économique et sociale du royaume.

Micro-société de la cour

      C’est crucial.
      Quand Mister BAC annonce “société” au sujet de La Princesse de Clèves, tu peux d’emblée rayer l’idée de “société française”, rien à voir! On est loin du roman réaliste façon XIXème : là on s’efforce de décrire et de réfléchir les différentes classes sociales, leurs interactions, luttes et transformations. Mais M’dame de La Fayette, c’est un tout autre calibre, sa “société”.
      C’est pas des blagues : j’ai cherché dans tout le bouquin : le seul personnage qui ait un poids réel dans l’intrigue sans avoir de titre ni de particule, c’est le “ gentilhomme ” de M. de Clèves.
      Souviens-toi, c’est un de ses serviteurs, celui qui lui sert d’espion pour traquer ce gros charo de Nemours. Il lui raconte à gros traits comment le duc rentre deux nuits de suite chez sa dame -alors qu’en fait il ne fait que la guetter depuis le jardin, en chien. Le Prince de Clèves n’ira pas plus loin, dans sa petite enquête comme dans sa vie de canard : coeur brisé, il décède dans la foulée.
      Chapeau bas le “gentilhomme” qui sans titre ni noblesse dead tout ça, au propre comme au figuré !

      Les gilets jaunes sont verts : ils ont trouvé leur maître en fatale justice sociale !
      Mais tu remarqueras qu’en dépit de la meilleure des volontés, le “gentilhomme” reste anonyme. Les noms sans particule ne valent pas la peine d’être notés chez M’dame de La Fayette. C’est clair ?

      Bref la “société” dans la Princesse de Clèves, ce n’est pas la nation dans sa diversité sociale, nope ; c’est la micro-société que constitue la cour, et plus généralement ce petit monde privilégié des aristocrates !
      Ici, la “société”, c’est l’élite.

Être aristocrate ?

      Élite aristocrate, c’est-à-dire ?
      C’est-à-dire de Nemours, de Clèves, de Tournon, de Sancerre, de Montpensier, de Chartres etc etc…
      C’est-à-dire un nom propre doté d’une particule, le “de”, qui n’est pas là pour faire joli mais signifie littéralement “qui vient de”. D’où le nom de lieu qui l’accompagne -car tous ces noms propres, étalés là, sont en fait des appellations géographiques.
      “Monsieur de Chartres” est littéralement le seigneur qui “vient de” Chartres, et plus exactement le seigneur qui y détient des territoires et qui par conséquent règne sur les terres en question.
      Bref, le nom propre d’un noble recouvre aussi un titre de propriété -un domaine dont l’exploitation agricole permet de tirer une fortune considérable- et une fonction politique -une autorité locale sur les populations quitte à concurrencer parfois le pouvoir royal.

      Souviens-t-en : un titre de noblesse, c’est une fortune financière et une autorité politique.
      Du cash et du respect, pour l’élite.

      Et là tu comprends l’enjeu de réunir tout ce petit monde en une cour : pour le roi, qui s’efforce de garder le contrôle du royaume et de centraliser tous les pouvoirs, il est crucial d’avoir toujours à l’oeil cette petite “société”.

      Les petits bals du Louvre, où l’on bouge son boule sur des pavanes, voltes et gaillardes endiablées, c’est le meilleur moyen de surveiller les Grands du royaume. Les amadouer, les cajoler oklm pour qu’ils mettent leur puissance financière et politique au service de la Couronne, sans mettre la pression, ni dégainer les arquebuses.
      Alors tu auras tout compris : la cour du Louvre, c’est La City de Londres. On y fait de grosses affaires ; on y noue des alliances, y déjoue des complots, et le moindre bruit de couloir, le moindre regard de travers pèsent massivement sur les destinées de la Nation.

Stratégies matrimoniales...

      Mais il est un type d’affaires particulièrement crucial en la matière : lequel à ton avis ?...

      Prépare les mollets : on va pédaler en pleine semoule…

      Un nom propre, cela fonctionne comment ? D’où te vient le tien ?
      Dans la majorité des cas, du père.
      Cela se transmet par la parenté, du père à ses enfants, tradition patriarcale oblige.
      Or l’on vient de dire que toute la puissance de la noblesse tient à son nom propre, sa petite particule et son appellation géographique. De Chartres, de Sancerre, d’Angoulême etc etc.
      Si la particule se transmet par la filiation donc, à ton avis quelle sera la grande affaire de cette existence noble ?
      Le mariage, nécessairement, prélude à la parenté et à la passation du nom au fil des générations “bien-nées”.
      Qui dit “bien-né” dit donc “bien-marié”...
      Voilà pourquoi les mariages ne sont pas tellement affaire d’amour dans la petite “société” aristocratique de La Princesse de Clèves.
      Business is business -les tendres sentiments sont trop doux quand il s’agit de négocier la succession d’un titre vieux de plusieurs siècles, source de revenus et puissance sans nombre…
      Deux petits nobles qui se marient, c’est un peu comme une fusion-acquisition entre deux grandes firmes sur le marché mondial. Comme le rachat d’Instagram par Facebook par exemple. Tu t’en doutes, l’amour est secondaire au moment de la signature…

      Ce sens des affaires, cet orgueil du nom qui recherche les meilleures alliances, c’est principalement Mme de Chartres qui l’incarne dans le roman.
      De fait la première partie rend compte de ces ambitions : son retour à la cour, accompagnée de sa fille, n’a d’autre but que de la marier, stratégiquement, en faisant valoir ses qualités naturelles et notamment son impeccable beauté…
      Non, l’aristocratie n’a pas inventé le féminisme.
      Marier sa fille, c’est faire le meilleur placement pour sa lignée et son sang, afin qu’elle conserve son rang voire l’élève encore un petit peu plus.
      Tu te souviens ? Mme de Chartres ira jusqu’à faire jouer l’influence de la dauphine pour appuyer un projet d’union entre sa fille et le prince dauphin. Plus l’on s’approche du trône, et de la lignée royale, plus on marque des points dans le noblesse game.
      Or la duchesse de Valentinois fait finalement échouer le projet : elle est en fait personnellement hostile à la maison de Chartres, du fait de sa rivalité avec l’oncle de l’héroïne. Les deux personnages se disputent l’influence politique qu’ils ont sur le Roi.
      À retenir donc : tout est question d’affaires et de pouvoir dans cette “société” de l’élite...

      Avançons…
      Après la "société", penchons-nous sur la "morale" stp !