Alcools d'Apollinaire - Modernité poétique ? - Guillaume Apollinaire

Modernité poétique? Pourquoi ça simplifie tout!

      On ne va pas se mentir...

      Depuis la réforme, la dissertation c'est devenu basique : l'Education nationale a balisé les sujets au maximum, livrant un thème-clé pour chaque auteur du programme. En dehors de ce thème, pas de sujet possible ; pas la peine non plus, quoique ça soit encore à confirmer, d'aller piocher des exemples et des idées en dehors de l'oeuvre au programme...

      La dissertation de poésie, c'est donc la modernité poétique dans Alcools d'Apollinaire. Et puis c'est tout !

      Rends-toi compte : avant les sujets de dissertation touchaient à tout et n'importe quoi ! On te refilait une notion générale, comme l'émotion, et tu devais courir après des dizaines d'auteurs, leurs centaines de poèmes ; il fallait donner sa place à chacun, vérifier leurs stats, les diriger au moment de leurs paragraphes... -du pokemon sans le côte kawaï.

      Bref, il fallait avoir une culture littéraire énoorme...

      Maintenant un cours moyen suffit.

      Parce qu'en vérité, il n'y a pas une infinité de choses à dire sur la modernité poétique chez Apollinaire.

      Lis ce qui suit ; puis révise la méthode de la dissertation ici. Il n'y a plus d'angoisses qui tiennent, t'es fin prêt.e, parole d'Archiprof !"

Modernité poétique? Pourquoi ça simplifie tout!

      On ne va pas se mentir...

      Depuis la réforme, la dissertation c'est devenu basique : l'Education nationale a balisé les sujets au maximum, livrant un thème-clé pour chaque auteur du programme. En dehors de ce thème, pas de sujet possible ; pas la peine non plus, quoique ça soit encore à confirmer, d'aller piocher des exemples et des idées en dehors de l'oeuvre au programme...

      La dissertation de poésie, c'est donc la modernité poétique dans Alcools d'Apollinaire. Et puis c'est tout !

      Rends-toi compte : avant les sujets de dissertation touchaient à tout et n'importe quoi ! On te refilait une notion générale, comme l'émotion, et tu devais courir après des dizaines d'auteurs, leurs centaines de poèmes ; il fallait donner sa place à chacun, vérifier leurs stats, les diriger au moment de leurs paragraphes... -du pokemon sans le côte kawaï.

      Bref, il fallait avoir une culture littéraire énoorme...

      Maintenant un cours moyen suffit.

      Parce qu'en vérité, il n'y a pas une infinité de choses à dire sur la modernité poétique chez Apollinaire.

      Lis ce qui suit ; puis révise la méthode de la dissertation ici. Il n'y a plus d'angoisses qui tiennent, t'es fin prêt.e, parole d'Archiprof !"




Alcools d'Apollinaire - Modernité poétique ? - Guillaume Apollinaire




Alcools d'Apollinaire - Modernité poétique ? - Guillaume Apollinaire

Apollinaire

Tradition

♦ Apollinaire s'inscrit dans une longue tradition classique du lyrisme amoureux.

Ex : Marie, un prénom lourd de sens.

      → référence à des amours biographiques (Marie Laurencin, présente aussi dans Le Pont Mirabeau, ou encore Marie Dubois, rencontrée et aimée en Belgique en 1899) mais plus encore écho de l'inspiratrice de certains sonnets de Ronsard (« Marie où voudrait votre nom retourner / Il trouverait aimer : aimez moi donc Marie. »)

      Par la mise en avant de ce prénom, Apollinaire fait référence au pionnier du lyrisme amoureux de langue française, et à toute une tradition classique.

Ex : Marie, accent mis sur la chevelure

      → trait érotique classique la chevelure est ici associée (comparaison) à la mer : c'est une référence au poème de Baudelaire, La Chevelure, « O Toison, moutonnant jusque sur l'encolure ».

      Apollinaire évoque par ces associations poétiques ses prédécesseurs, tissant le fil d'une tradition lyrique, ici autour d'un thème érotique.

♦ Apollinaire emploie des formes poétiques traditionnelles, souvent très datées et désuètes.

Ex : Le Pont Mirabeau, structure de la chanson de toile

      → Strophes d'octosyllabe ou décasyllabe avec un refrain entre, chantées par les dames au Moyen-Âge qui filaient et tissaient en attendant le retour de leurs amants : ici aussi thème amoureux, présence du refrain et de décasyllabes.

      Apollinaire fait renaître des formes poétiques archaïques.

♦ Apollinaire utilise des références mythologiques et légendaires l'inscrivant dans une longue tradition culturelle.

Ex : cycle des Rhénanes avec La Loreley notamment (revoir la dissertation).

Modernité

♦ Apollinaire entend célébrer la vie et les paysages modernes.

Ex : Zone, avec le hiatus du premier vers (volonté de modernité) puis la métaphore autour de la tour Eiffel, ainsi que la description poétique d'une rue industrielle. (revoir la dissertation).

♦ Apollinaire rompt avec la tradition poétique classique en jouant et cassant les structures formelles du poème.

Ex : Le Pont Mirabeau, un vers brisé en deux

      → le second décasyllabe de chaque strophe est coupé en deux (4 puis 6) ce qui évoque l'idée de rupture au centre du poème puisqu'il s'agit d'une rupture amoureuse.

      L'innovation formelle, par rapport à la structure classique de la chanson de toile, sert à expliciter le thème de la rupture amoureuse.

Ex : Les Colchiques, un air de sonnet brisé

      → le poème démarre sur un alexandrin, ce qui laisse entrevoir la possibilité d'un sonnet classique avec 2 quatrains et 2 tercets d'alexandrins, mais suit un pentamètre (vers de 5 temps).

      → déconstruction syntaxique : vers 4 et 5 avec rejet qui crée de la confusion à cause de l'absence de ponctuation « y fleurit tes yeux ».

      Le poète ne redoute aucune audace, métrique ou grammaticale, ce qui est typique des avant-gardes.

Ex : Les Colchiques, évocation visuelle au travers des choix métriques

      → 3 strophes de longueurs variables, 7 vers, puis 5, puis 3 pour mimer le départ du troupeau, qui disparaît dans le lointain.

      La forme même du poème évoque visuellement ce dont il y est question (à mettre en lien avec le principe des calligrammes, dont Apollinaire se fit spécialiste).

♦ Apollinaire joue avec les images poétiques en suivant des principes esthétiques totalement innovant.

Ex : Marie, juxtaposition discontinue des évocations

      → images de la danse, des masques et musiques, des soldats et moutons, avec le vers « Flocons de laine et ceux d'argent » notamment, qui déstabilisent par leur variété et leur discontinuité (proche d'une sensibilité surréaliste aimant les associations étranges et incongrues) // esthétique cubiste contemporaine (Picasso et Braque) multipliant les angles de vue sur les objets et les personnes pour faire éclater les volumes (moutons dans la neige = flocons de laine).

      Apollinaire fait un pied de nez à la rhétorique traditionnelle, faisant valoir une nouvelle sensibilité esthétique.

Universalité

♦ Le lyrisme dépasse l'expérience biographique personnelle du poète vers une expression de l'amour et de ses souffrances où chacun puisse se reconnaître, donc une expression universelle.

Ex : Le Pont Mirabeau, évolution au fil du poème

      → valeurs du présent : présent d'énonciation ancré dans l'expérience amoureuse du poète puis présent de vérité générale dans la dernière strophe, souligné par le changement « nos amours »/« les amours ».

      Le poète ne parle plus de son expérience personnelle mais de toute expérience amoureuse.

Ex : Zones, réinventer le « je » lyrique

      → quête d'une nouvelle forme de lyrisme avec des strophes où le « je » du poète devient un « tu » créant un lien avec la personne du lecteur et une sorte de communion dans le chant lyrique et l'expression d'émotions fortes. (voir la dissertation).

Ex : Vendémiaire, dialogue des villes

      → le chant lyrique, lancé par la ville de Paris, point de confluence de toutes les nourritures et expériences humaines, se transforme en lieu d'une communion cosmique débouchant sur un sentiment d'ivresse universelle. (voir dissertation).

Féminin

♦ Le lyrisme amoureux d'Apollinaire est centré autour de figures féminines marquantes, par lesquelles le vécu biographique rejoint la tradition mythologique ou légendaire.

Ex : Les Colchiques, évocation de Médée

      → Médée, originaire de Colchide (région d'où proviendraient les fleurs colchiques), initiée aux rituels de la sorcellerie, est une figure mythologique grecque : amante de Jason, elle est répudiée pour une princesse et sous le coup de la jalousie et de la folie elle empoisonne sa rivale et découpe ses propres enfants. Médée = l'amoureuse qui tue tout instinct maternel en elle // Annie Playden la séductrice + la mère d'Apollinaire, séductrice qui a ôté toute stabilité et sécurité à l'enfance d'Apollinaire.

      Au travers de Médée, les déceptions amoureuses d'Apollinaire touche au manque d'amour maternel tandis que le passé biographique est transfiguré en récit mythique.

♦ Le lyrisme amoureux d'Apollinaire est foncièrement pessimiste : la femme, séductrice et ensorcelante, est un danger pour le poète.

Ex : Les Colchiques, renversement du lyrisme classique

      → chez Ronsard et dans la poésie classique, association de la femme et de la rose, fleur caractérisé par sa beauté ; inversement chez Apollinaire, association de la femme et de la colchique, caractérisé par sa toxicité (//Médée l'empoisonneuse).

      Apollinaire renverse les codes du lyrisme amoureux, pour le colorer de mélancolie.

Ex : La Loreley, figure de la séductrice maléfique (contexte religieux avec l'évêque et le procès pour sorcellerie) en lien avec la figure mythique des sirènes nordiques et le thème symbolique de la noyade.

Lyrisme

♦ Par sa fonction lyrique, le poète parvient à conjurer la douleur élégiaque et les souffrances de l'amour.

Ex : Le Pont Mirabeau, réaffirmation d'une éternité poétique

      → caractère fugitif et transitoire de l'eau (la Seine coule), du temps (les coups d'horloge) et de l'amour (qui s'en va) / permanence et stabilité du pont + du poète (derniers mots : « je demeure ») à rebours de ce mouvement perpétuel (reprise du 1er vers du poème à la fin de la dernière strophe).

      Le poète réaffirme sa puissance d'être dans sa création lyrique qui restera dans les mémoires.

Ex : Les Colchiques, passage de Médée à Orphée

      → Disparition progressive de la femme (1er strophe, dialogue du « je » et « tu » avec regards puis 2ème strophe, plus de « je » et « tu », paupières des yeux fermés) enfin dans la 3ème, après les références implicites à Médée, le gardien qui chante est une allusion à la figure mythologique d'Orphée (le poète par excellence, accompagnant de sa lyre ses chants si beaux qu'ils séduisaient les animaux et faisaient frémir les pierres).

      Une fois l'amour passé, la violence des femmes ravalée, reste le chant lyrique du poète qui survit malgré tout.

Ex : Marie, « un livre ancien sous le bras »

      → revanche du poète sur le temps qui passe. Après les évocations des moutons et des soldats (figures de passage), dans un décor de neige évoquant la perte et l'absence, apparition du livre : rêveries et regrets du début sont devenus parole poétique, qui demeure par-delà le passage du temps.

      La poésie, symbolisée par le livre ancien, permet de faire le deuil de l'amour malheureux et plus encore de s'affranchir du caractère fugitif de toute chose, de conjurer le passage du temps.

Tradition et modernité, plan d'ensemble :

1. D'accord...

      Il y a bien de la modernité

2. Mais...

      Pas seulement : il y a aussi un lien avec la tradition

3. De fait,...

      Ce que cherche Apollinaire, ce n'est pas l'actualité de l'avant-garde ou le passé de la tradition mais une poésie universelle qui soit de tout époque !

Lyrisme, plan d'ensemble :

1. D'accord...

      Il y a bien un lien avec la tradition lyrique amoureuse.

2. Mais...

      Pas seulement : Apollinaire revisite personnellement cette tradition.

3. De fait,...

      Ce qu'il vise c'est de dépasser le « je » lyrique pour toucher à une expérience universelle.

Apollinaire

Tradition

♦ Apollinaire s'inscrit dans une longue tradition classique du lyrisme amoureux.

Ex : Marie, un prénom lourd de sens.

      → référence à des amours biographiques (Marie Laurencin, présente aussi dans Le Pont Mirabeau, ou encore Marie Dubois, rencontrée et aimée en Belgique en 1899) mais plus encore écho de l'inspiratrice de certains sonnets de Ronsard (« Marie où voudrait votre nom retourner / Il trouverait aimer : aimez moi donc Marie. »)

      Par la mise en avant de ce prénom, Apollinaire fait référence au pionnier du lyrisme amoureux de langue française, et à toute une tradition classique.

Ex : Marie, accent mis sur la chevelure

      → trait érotique classique la chevelure est ici associée (comparaison) à la mer : c'est une référence au poème de Baudelaire, La Chevelure, « O Toison, moutonnant jusque sur l'encolure ».

      Apollinaire évoque par ces associations poétiques ses prédécesseurs, tissant le fil d'une tradition lyrique, ici autour d'un thème érotique.

♦ Apollinaire emploie des formes poétiques traditionnelles, souvent très datées et désuètes.

Ex : Le Pont Mirabeau, structure de la chanson de toile

      → Strophes d'octosyllabe ou décasyllabe avec un refrain entre, chantées par les dames au Moyen-Âge qui filaient et tissaient en attendant le retour de leurs amants : ici aussi thème amoureux, présence du refrain et de décasyllabes.

      Apollinaire fait renaître des formes poétiques archaïques.

♦ Apollinaire utilise des références mythologiques et légendaires l'inscrivant dans une longue tradition culturelle.

Ex : cycle des Rhénanes avec La Loreley notamment (revoir la dissertation).

Modernité

♦ Apollinaire entend célébrer la vie et les paysages modernes.

Ex : Zone, avec le hiatus du premier vers (volonté de modernité) puis la métaphore autour de la tour Eiffel, ainsi que la description poétique d'une rue industrielle. (revoir la dissertation).

♦ Apollinaire rompt avec la tradition poétique classique en jouant et cassant les structures formelles du poème.

Ex : Le Pont Mirabeau, un vers brisé en deux

      → le second décasyllabe de chaque strophe est coupé en deux (4 puis 6) ce qui évoque l'idée de rupture au centre du poème puisqu'il s'agit d'une rupture amoureuse.

      L'innovation formelle, par rapport à la structure classique de la chanson de toile, sert à expliciter le thème de la rupture amoureuse.

Ex : Les Colchiques, un air de sonnet brisé

      → le poème démarre sur un alexandrin, ce qui laisse entrevoir la possibilité d'un sonnet classique avec 2 quatrains et 2 tercets d'alexandrins, mais suit un pentamètre (vers de 5 temps).

      → déconstruction syntaxique : vers 4 et 5 avec rejet qui crée de la confusion à cause de l'absence de ponctuation « y fleurit tes yeux ».

      Le poète ne redoute aucune audace, métrique ou grammaticale, ce qui est typique des avant-gardes.

Ex : Les Colchiques, évocation visuelle au travers des choix métriques

      → 3 strophes de longueurs variables, 7 vers, puis 5, puis 3 pour mimer le départ du troupeau, qui disparaît dans le lointain.

      La forme même du poème évoque visuellement ce dont il y est question (à mettre en lien avec le principe des calligrammes, dont Apollinaire se fit spécialiste).

♦ Apollinaire joue avec les images poétiques en suivant des principes esthétiques totalement innovant.

Ex : Marie, juxtaposition discontinue des évocations

      → images de la danse, des masques et musiques, des soldats et moutons, avec le vers « Flocons de laine et ceux d'argent » notamment, qui déstabilisent par leur variété et leur discontinuité (proche d'une sensibilité surréaliste aimant les associations étranges et incongrues) // esthétique cubiste contemporaine (Picasso et Braque) multipliant les angles de vue sur les objets et les personnes pour faire éclater les volumes (moutons dans la neige = flocons de laine).

      Apollinaire fait un pied de nez à la rhétorique traditionnelle, faisant valoir une nouvelle sensibilité esthétique.

Universalité

♦ Le lyrisme dépasse l'expérience biographique personnelle du poète vers une expression de l'amour et de ses souffrances où chacun puisse se reconnaître, donc une expression universelle.

Ex : Le Pont Mirabeau, évolution au fil du poème

      → valeurs du présent : présent d'énonciation ancré dans l'expérience amoureuse du poète puis présent de vérité générale dans la dernière strophe, souligné par le changement « nos amours »/« les amours ».

      Le poète ne parle plus de son expérience personnelle mais de toute expérience amoureuse.

Ex : Zones, réinventer le « je » lyrique

      → quête d'une nouvelle forme de lyrisme avec des strophes où le « je » du poète devient un « tu » créant un lien avec la personne du lecteur et une sorte de communion dans le chant lyrique et l'expression d'émotions fortes. (voir la dissertation).

Ex : Vendémiaire, dialogue des villes

      → le chant lyrique, lancé par la ville de Paris, point de confluence de toutes les nourritures et expériences humaines, se transforme en lieu d'une communion cosmique débouchant sur un sentiment d'ivresse universelle. (voir dissertation).

Féminin

♦ Le lyrisme amoureux d'Apollinaire est centré autour de figures féminines marquantes, par lesquelles le vécu biographique rejoint la tradition mythologique ou légendaire.

Ex : Les Colchiques, évocation de Médée

      → Médée, originaire de Colchide (région d'où proviendraient les fleurs colchiques), initiée aux rituels de la sorcellerie, est une figure mythologique grecque : amante de Jason, elle est répudiée pour une princesse et sous le coup de la jalousie et de la folie elle empoisonne sa rivale et découpe ses propres enfants. Médée = l'amoureuse qui tue tout instinct maternel en elle // Annie Playden la séductrice + la mère d'Apollinaire, séductrice qui a ôté toute stabilité et sécurité à l'enfance d'Apollinaire.

      Au travers de Médée, les déceptions amoureuses d'Apollinaire touche au manque d'amour maternel tandis que le passé biographique est transfiguré en récit mythique.

♦ Le lyrisme amoureux d'Apollinaire est foncièrement pessimiste : la femme, séductrice et ensorcelante, est un danger pour le poète.

Ex : Les Colchiques, renversement du lyrisme classique

      → chez Ronsard et dans la poésie classique, association de la femme et de la rose, fleur caractérisé par sa beauté ; inversement chez Apollinaire, association de la femme et de la colchique, caractérisé par sa toxicité (//Médée l'empoisonneuse).

      Apollinaire renverse les codes du lyrisme amoureux, pour le colorer de mélancolie.

Ex : La Loreley, figure de la séductrice maléfique (contexte religieux avec l'évêque et le procès pour sorcellerie) en lien avec la figure mythique des sirènes nordiques et le thème symbolique de la noyade.

Lyrisme

♦ Par sa fonction lyrique, le poète parvient à conjurer la douleur élégiaque et les souffrances de l'amour.

Ex : Le Pont Mirabeau, réaffirmation d'une éternité poétique

      → caractère fugitif et transitoire de l'eau (la Seine coule), du temps (les coups d'horloge) et de l'amour (qui s'en va) / permanence et stabilité du pont + du poète (derniers mots : « je demeure ») à rebours de ce mouvement perpétuel (reprise du 1er vers du poème à la fin de la dernière strophe).

      Le poète réaffirme sa puissance d'être dans sa création lyrique qui restera dans les mémoires.

Ex : Les Colchiques, passage de Médée à Orphée

      → Disparition progressive de la femme (1er strophe, dialogue du « je » et « tu » avec regards puis 2ème strophe, plus de « je » et « tu », paupières des yeux fermés) enfin dans la 3ème, après les références implicites à Médée, le gardien qui chante est une allusion à la figure mythologique d'Orphée (le poète par excellence, accompagnant de sa lyre ses chants si beaux qu'ils séduisaient les animaux et faisaient frémir les pierres).

      Une fois l'amour passé, la violence des femmes ravalée, reste le chant lyrique du poète qui survit malgré tout.

Ex : Marie, « un livre ancien sous le bras »

      → revanche du poète sur le temps qui passe. Après les évocations des moutons et des soldats (figures de passage), dans un décor de neige évoquant la perte et l'absence, apparition du livre : rêveries et regrets du début sont devenus parole poétique, qui demeure par-delà le passage du temps.

      La poésie, symbolisée par le livre ancien, permet de faire le deuil de l'amour malheureux et plus encore de s'affranchir du caractère fugitif de toute chose, de conjurer le passage du temps.

Tradition et modernité, plan d'ensemble :

1. D'accord...

      Il y a bien de la modernité

2. Mais...

      Pas seulement : il y a aussi un lien avec la tradition

3. De fait,...

      Ce que cherche Apollinaire, ce n'est pas l'actualité de l'avant-garde ou le passé de la tradition mais une poésie universelle qui soit de tout époque !

Lyrisme, plan d'ensemble :

1. D'accord...

      Il y a bien un lien avec la tradition lyrique amoureuse.

2. Mais...

      Pas seulement : Apollinaire revisite personnellement cette tradition.

3. De fait,...

      Ce qu'il vise c'est de dépasser le « je » lyrique pour toucher à une expérience universelle.

Apollinaire

Tradition

♦ Apollinaire s'inscrit dans une longue tradition classique du lyrisme amoureux.

Ex : Marie, un prénom lourd de sens.

      → référence à des amours biographiques (Marie Laurencin, présente aussi dans Le Pont Mirabeau, ou encore Marie Dubois, rencontrée et aimée en Belgique en 1899) mais plus encore écho de l'inspiratrice de certains sonnets de Ronsard (« Marie où voudrait votre nom retourner / Il trouverait aimer : aimez moi donc Marie. »)

      Par la mise en avant de ce prénom, Apollinaire fait référence au pionnier du lyrisme amoureux de langue française, et à toute une tradition classique.

Ex : Marie, accent mis sur la chevelure

      → trait érotique classique la chevelure est ici associée (comparaison) à la mer : c'est une référence au poème de Baudelaire, La Chevelure, « O Toison, moutonnant jusque sur l'encolure ».

      Apollinaire évoque par ces associations poétiques ses prédécesseurs, tissant le fil d'une tradition lyrique, ici autour d'un thème érotique.

♦ Apollinaire emploie des formes poétiques traditionnelles, souvent très datées et désuètes.

Ex : Le Pont Mirabeau, structure de la chanson de toile

      → Strophes d'octosyllabe ou décasyllabe avec un refrain entre, chantées par les dames au Moyen-Âge qui filaient et tissaient en attendant le retour de leurs amants : ici aussi thème amoureux, présence du refrain et de décasyllabes.

      Apollinaire fait renaître des formes poétiques archaïques.

♦ Apollinaire utilise des références mythologiques et légendaires l'inscrivant dans une longue tradition culturelle.

Ex : cycle des Rhénanes avec La Loreley notamment (revoir la dissertation).

Modernité

♦ Apollinaire entend célébrer la vie et les paysages modernes.

Ex : Zone, avec le hiatus du premier vers (volonté de modernité) puis la métaphore autour de la tour Eiffel, ainsi que la description poétique d'une rue industrielle. (revoir la dissertation).

♦ Apollinaire rompt avec la tradition poétique classique en jouant et cassant les structures formelles du poème.

Ex : Le Pont Mirabeau, un vers brisé en deux

      → le second décasyllabe de chaque strophe est coupé en deux (4 puis 6) ce qui évoque l'idée de rupture au centre du poème puisqu'il s'agit d'une rupture amoureuse.

      L'innovation formelle, par rapport à la structure classique de la chanson de toile, sert à expliciter le thème de la rupture amoureuse.

Ex : Les Colchiques, un air de sonnet brisé

      → le poème démarre sur un alexandrin, ce qui laisse entrevoir la possibilité d'un sonnet classique avec 2 quatrains et 2 tercets d'alexandrins, mais suit un pentamètre (vers de 5 temps).

      → déconstruction syntaxique : vers 4 et 5 avec rejet qui crée de la confusion à cause de l'absence de ponctuation « y fleurit tes yeux ».

      Le poète ne redoute aucune audace, métrique ou grammaticale, ce qui est typique des avant-gardes.

Ex : Les Colchiques, évocation visuelle au travers des choix métriques

      → 3 strophes de longueurs variables, 7 vers, puis 5, puis 3 pour mimer le départ du troupeau, qui disparaît dans le lointain.

      La forme même du poème évoque visuellement ce dont il y est question (à mettre en lien avec le principe des calligrammes, dont Apollinaire se fit spécialiste).

♦ Apollinaire joue avec les images poétiques en suivant des principes esthétiques totalement innovant.

Ex : Marie, juxtaposition discontinue des évocations

      → images de la danse, des masques et musiques, des soldats et moutons, avec le vers « Flocons de laine et ceux d'argent » notamment, qui déstabilisent par leur variété et leur discontinuité (proche d'une sensibilité surréaliste aimant les associations étranges et incongrues) // esthétique cubiste contemporaine (Picasso et Braque) multipliant les angles de vue sur les objets et les personnes pour faire éclater les volumes (moutons dans la neige = flocons de laine).

      Apollinaire fait un pied de nez à la rhétorique traditionnelle, faisant valoir une nouvelle sensibilité esthétique.

Universalité

♦ Le lyrisme dépasse l'expérience biographique personnelle du poète vers une expression de l'amour et de ses souffrances où chacun puisse se reconnaître, donc une expression universelle.

Ex : Le Pont Mirabeau, évolution au fil du poème

      → valeurs du présent : présent d'énonciation ancré dans l'expérience amoureuse du poète puis présent de vérité générale dans la dernière strophe, souligné par le changement « nos amours »/« les amours ».

      Le poète ne parle plus de son expérience personnelle mais de toute expérience amoureuse.

Ex : Zones, réinventer le « je » lyrique

      → quête d'une nouvelle forme de lyrisme avec des strophes où le « je » du poète devient un « tu » créant un lien avec la personne du lecteur et une sorte de communion dans le chant lyrique et l'expression d'émotions fortes. (voir la dissertation).

Ex : Vendémiaire, dialogue des villes

      → le chant lyrique, lancé par la ville de Paris, point de confluence de toutes les nourritures et expériences humaines, se transforme en lieu d'une communion cosmique débouchant sur un sentiment d'ivresse universelle. (voir dissertation).

Féminin

♦ Le lyrisme amoureux d'Apollinaire est centré autour de figures féminines marquantes, par lesquelles le vécu biographique rejoint la tradition mythologique ou légendaire.

Ex : Les Colchiques, évocation de Médée

      → Médée, originaire de Colchide (région d'où proviendraient les fleurs colchiques), initiée aux rituels de la sorcellerie, est une figure mythologique grecque : amante de Jason, elle est répudiée pour une princesse et sous le coup de la jalousie et de la folie elle empoisonne sa rivale et découpe ses propres enfants. Médée = l'amoureuse qui tue tout instinct maternel en elle // Annie Playden la séductrice + la mère d'Apollinaire, séductrice qui a ôté toute stabilité et sécurité à l'enfance d'Apollinaire.

      Au travers de Médée, les déceptions amoureuses d'Apollinaire touche au manque d'amour maternel tandis que le passé biographique est transfiguré en récit mythique.

♦ Le lyrisme amoureux d'Apollinaire est foncièrement pessimiste : la femme, séductrice et ensorcelante, est un danger pour le poète.

Ex : Les Colchiques, renversement du lyrisme classique

      → chez Ronsard et dans la poésie classique, association de la femme et de la rose, fleur caractérisé par sa beauté ; inversement chez Apollinaire, association de la femme et de la colchique, caractérisé par sa toxicité (//Médée l'empoisonneuse).

      Apollinaire renverse les codes du lyrisme amoureux, pour le colorer de mélancolie.

Ex : La Loreley, figure de la séductrice maléfique (contexte religieux avec l'évêque et le procès pour sorcellerie) en lien avec la figure mythique des sirènes nordiques et le thème symbolique de la noyade.

Lyrisme

♦ Par sa fonction lyrique, le poète parvient à conjurer la douleur élégiaque et les souffrances de l'amour.

Ex : Le Pont Mirabeau, réaffirmation d'une éternité poétique

      → caractère fugitif et transitoire de l'eau (la Seine coule), du temps (les coups d'horloge) et de l'amour (qui s'en va) / permanence et stabilité du pont + du poète (derniers mots : « je demeure ») à rebours de ce mouvement perpétuel (reprise du 1er vers du poème à la fin de la dernière strophe).

      Le poète réaffirme sa puissance d'être dans sa création lyrique qui restera dans les mémoires.

Ex : Les Colchiques, passage de Médée à Orphée

      → Disparition progressive de la femme (1er strophe, dialogue du « je » et « tu » avec regards puis 2ème strophe, plus de « je » et « tu », paupières des yeux fermés) enfin dans la 3ème, après les références implicites à Médée, le gardien qui chante est une allusion à la figure mythologique d'Orphée (le poète par excellence, accompagnant de sa lyre ses chants si beaux qu'ils séduisaient les animaux et faisaient frémir les pierres).

      Une fois l'amour passé, la violence des femmes ravalée, reste le chant lyrique du poète qui survit malgré tout.

Ex : Marie, « un livre ancien sous le bras »

      → revanche du poète sur le temps qui passe. Après les évocations des moutons et des soldats (figures de passage), dans un décor de neige évoquant la perte et l'absence, apparition du livre : rêveries et regrets du début sont devenus parole poétique, qui demeure par-delà le passage du temps.

      La poésie, symbolisée par le livre ancien, permet de faire le deuil de l'amour malheureux et plus encore de s'affranchir du caractère fugitif de toute chose, de conjurer le passage du temps.

Tradition et modernité, plan d'ensemble :

1. D'accord...

      Il y a bien de la modernité

2. Mais...

      Pas seulement : il y a aussi un lien avec la tradition

3. De fait,...

      Ce que cherche Apollinaire, ce n'est pas l'actualité de l'avant-garde ou le passé de la tradition mais une poésie universelle qui soit de tout époque !

Lyrisme, plan d'ensemble :

1. D'accord...

      Il y a bien un lien avec la tradition lyrique amoureuse.

2. Mais...

      Pas seulement : Apollinaire revisite personnellement cette tradition.

3. De fait,...

      Ce qu'il vise c'est de dépasser le « je » lyrique pour toucher à une expérience universelle.